Page 57 - Des ailes pour le Brésil
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Ils étaient capricieux et pas faciles à contenter, enfin, c’étaient des artistes
talentueux ! J’étais peut-être un peu servile, et souvent, je me posais au
fond de moi-même cette question : étais-je trop magnanime ?
Étais-je, le galérien organisateur de voyages ou l’esclave du capitalisme ?
De nombreux artistes de cinéma et célébrités venaient chercher leur billet
à l’agence ou bien les modifier à des heures incongrues.
« Quelque vertu qu'ait un client, le caprice ne perd pas son droit ».
Nos clients étaient exigeants, nous devions souvent être disponibles à
toute heure.
Dans certains cas et pour d’importants clients, je communiquais mon
numéro de téléphone personnel.
Il n’était pas rare que je quitte le bureau après 20 heures.
Et dans certains cas d’urgence, il m’est arrivé d’avoir à livrer des billets à
domicile.
Le service complet, peu imaginable actuellement !
Les trente-cinq heures hebdomadaires légales n’existaient pas encore,
c’étaient plutôt souvent soixante et les heures supplémentaires n’étaient
pas rémunérées.
Certains présidents d’importantes sociétés n’hésitaient pas à me
convoquer dans leur bureau pour organiser leurs voyages compliqués, cela
pouvait durer des heures, les ordinateurs PC étaient encore rares et
Internet n’existait pas…
Je devais transporter dans le métro la volumineuse bible des horaires et le
catalogue des prix du transport aérien : les deux ABC (Air Book) et un
OAG, Official Airlines Guide.
C’était de l’organisation de voyage à la carte du sur-mesure !
Parfois, mes bras étaient bien fatigués tant ces documents étaient lourds,
de rude journée !
L’organisation d’un voyage avec de nombreuses escales dans différents
pays, exige la prise de connaissance des formalités des visas, de santé, et la
tarification des billets pouvaient se révéler compliqués à effectuée.
Un horaire erroné ou modifié pouvait chambouler tout l’itinéraire et
chambouler les rendez-vous du passager, alors nous devions de nouveau
tout reprogrammer.