Page 61 - Des ailes pour le Brésil
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Une bonne partie de la nuit fut nécessaire pour compter ces billets, les
ranger, les attacher et les mettre en liasse. Par chance, nous avions engagé
du personnel dévoué.
Les billets de dollars en petites coupures remplissaient trois grands sacs
noirs en plastique. Protégés par deux guides, nous organisâmes de bon
matin avec un taxi l’expédition, change et paiement.
Nous nous rendîmes dans un quartier glauque de la ville dans des officines
de change.
Quand se fut terminé après avoir passé des heures à compter et vérifier,
les mains dans les billets, nous avons dû maintenant prendre deux grands
taxis, pour nous rendre aux hôtels
La différence de change entre le cours officiel et celui des officines avait
été fructueux, le volume, et le nombre de sacs remplis de billets avaient
augmenté. L’inflation était galopante.
Nous arrivâmes tambours battants pour solder nos comptes dans le
premier hôtel, le Méridien à Copacabana, si mes souvenirs sont bons.
Fier comme Harpagon nous débarquâmes dans leurs bureaux, ou nous
avons dû compter, attribué leur part, répartissant les billets de cruzeiros
en petit tas sur de grandes tables.
Des comptables impassibles aux yeux rapaces vérifiaient minutieusement
sans conviction le butin qui leur était alloué.
Les directeurs éberlués n’avaient pas l’habitude d'être payés cash, rubis sur
l’ongle, mais ne pouvaient pas refuser. Affaire résolue !
À l'heure actuelle, il faudrait louer un camion blindé accompagné par des
motards pour un tel raid au Brésil !
Notre expédition de change nous permit de gagner au moins une
confortable marge bénéficiaire, de plus de 30 % au total, sur l’ensemble
des dépenses de ce congrès.
Journée de sueur, de peur et d’angoisse, je ne le referais plus, c’était de la
pure inconscience d’un débutant.
Notre service comptable ne voulut jamais me communiquer le taux de
marge du congrès que nous avions réalisé.
Encore maintenant, j’en éprouve encore une grande frustration, j’avais pris
beaucoup de risques, le congrès était une réussite, c’était le principal. Cette
opération nous rapporta de nombreux nouveaux clients.