Page 26 - Des ailes pour le Brésil
P. 26
25
Mon plus décevant exercice était de limer droit avec les bras en parallèle
avec mon corps.
La pièce de métal limé n’était jamais à angle droit, à l’équerre. C’était
désespérant !
Tout bien considéré, quand je laisse remonter mes vieux et meilleurs
souvenirs de cet endroit, ceux qui surgissent sont ceux d’une immersion
dans la musique classique.
Quand je me promenais solitaire, et souvent désabusé sur la plage, je
fredonnais à tue-tête la romance de l’ouverture grandiose de l’opéra du
Tannhäuser, cela me faisait du bien.
Ce mouvement crescendo, dans une apothéose puissante et calme, alliant
le violon et les cuivres, m’envahissait éperdument !
C’est dans ces moments de ma vie, que j’ai réalisé mon ingratitude envers
ma mère et que j’ai eu l’impression d’entrer dans mon moi-réalité. Je
quittais l’adolescence ?
Ce qui est bouleversant, c’est que je n’ai pas su saisir cette chance de réussir
ma scolarité alors que j’en avais l’opportunité.
Combien de personnes sur terre n’ont pas à l’accès à l’éducation !? Quel
gâchis ! Et quel malheur pour ma mère !
Londres.
Comme beaucoup de mes compatriotes, j’ai vécu, en 1956, à Londres,
où j’étais devenu un des piliers de le bar-discothèque les « Enfants
Terribles » dans le quartier animé de Soho.
Je l’ai appris dernièrement, cette boîte existe toujours.
Tout ce désarroi, ce désordre de ma vie désespérait ma mère qui ne pouvait
plus supporter ma vie de turpitude morale.
Par relation, elle réussit à me faire engager comme apprenti vendeur à
l’agence d’Air France de Londres pendant trois mois et ensuite à Paris dans
l’agence en haut de l’avenue des Champs-Élysées qui n’existe plus
aujourd’hui.