Page 23 - Des ailes pour le Brésil
P. 23
22
Je me considérais comme le sacrifié, le mal aimé d’une famille de sept
enfants. Quand je passais les rares fins de semaine à la maison, je dormais
sur un lit métallique dans un petit cagibi.
On m’avait attribué une corvée qui était d’aller tôt le matin chercher pour
la famille le pain et le lait. Je devais ensuite promener mes sœurs au Parc
Monceau.
À douze ans, j’étais déjà « haut sur pattes » et pour la première fois, pendant
les vacances j’ai gagné mes premiers sous à la foire de Louhans en Saône-
et-Loire.
J’avais réussi à me faire engager pour un petit boulot de quelques jours sur
un manège d’autos tamponneuses.
Je devais sauter prestement de l’une à l’autre des autos électriques pour
récolter l’argent des clients.
Le travail était fatigant, sans doute tumultueux, et même dangereux, mais
à mon point de vue, bien payé !
Plus tard, j’ai lavé des voitures et vendais des billets de tombola pendant
les week-ends pour me faire un peu d’argent de poche...
Mon frère et moi étions inéluctablement expédiés pour passer l’ensemble
de nos vacances scolaires en colonie de vacances ou bien dans les camps
de scouts.
Je me souviens quand j’étais scout - à la patrouille des léopards, j’allais
parfois les fins de semaine, aider les personnes âgées.
Mes actions auprès des personnes abandonnées ont été une de mes
premières visions de la misère - celle du crépuscule de nos anciens.
À l’occasion des fêtes religieuses, nous faisions également la quête à la
sortie des églises et distribuions des journaux paroissiaux, c’était nous
disaient-ils notre façon de faire la B A. « bonne action ».
La vie en groupe me fit découvrir l’apprentissage des expériences
partagées comme les marches de jours et de nuit dans le froid où la chaleur
qui soi-disant aguerrit et virilise.