Page 23 - Des ailes pour le Brésil
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                 Je me considérais comme le sacrifié, le mal aimé d’une famille de sept
               enfants. Quand je passais les rares fins de semaine à la maison, je dormais

               sur un lit métallique dans un petit cagibi.

               On m’avait attribué une corvée qui était d’aller tôt le matin chercher pour

               la famille le pain et le lait. Je devais ensuite promener mes sœurs au Parc
               Monceau.

               À douze ans, j’étais déjà « haut sur pattes » et pour la première fois, pendant

               les vacances j’ai gagné mes premiers sous à la foire de Louhans en Saône-
               et-Loire.


               J’avais réussi à me faire engager pour un petit boulot de quelques jours sur
               un manège d’autos tamponneuses.

               Je devais sauter prestement de l’une à l’autre des autos électriques pour

               récolter l’argent des clients.

               Le travail était fatigant, sans doute tumultueux, et même dangereux, mais

               à mon point de vue, bien payé !

               Plus tard, j’ai lavé des voitures et vendais des billets de tombola pendant
               les week-ends pour me faire un peu d’argent de poche...


               Mon frère et moi étions inéluctablement expédiés pour passer l’ensemble
               de nos vacances scolaires en colonie de vacances ou bien dans les camps

               de scouts.

               Je me souviens quand j’étais scout - à la patrouille des léopards, j’allais
               parfois les fins de semaine, aider les personnes âgées.


               Mes  actions  auprès  des  personnes  abandonnées  ont  été  une  de  mes
               premières visions de la misère - celle du crépuscule de nos anciens.

               À l’occasion des fêtes religieuses, nous faisions également la quête à la

               sortie  des  églises  et  distribuions  des  journaux  paroissiaux,  c’était  nous
               disaient-ils notre façon de faire la B A. « bonne action ».


               La  vie  en  groupe  me  fit  découvrir  l’apprentissage  des  expériences
               partagées comme les marches de jours et de nuit dans le froid où la chaleur

               qui soi-disant aguerrit et virilise.
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