Page 28 - Des ailes pour le Brésil
P. 28
27
Mon salaire de grouillot d’Air France était une misère, mais cependant
après un an de présence, il ouvrait la porte aux fabuleux « GP II » qui se
traduisaient par une réduction de 90 %
sur le prix du billet d’avion, en fonction
des places disponibles sur les vols. En
guise de café croissant à cette époque,
je sautais dans le premier vol pour
Londres pour prendre les avions
Vickers Viscount - aux vastes hublots
ovales.
Dans la même journée, j’effectuais un vol aller-retour à Londres pour faire
des emplettes et des affaires avec nos « angliches ».
Ces voyages avec les achats me permettaient d'arrondir mes fins de mois
toujours assez difficiles, et me valaient en récompense les sourires
bienveillants de clientes friandes de cachemires, de l’ordre de 40 % moins
cher chez nos amis les british.
Lors d’un stage à l’agence d’enregistrement des bagages d’Air France dans
l’esplanade des Invalides, nous avons vu arriver à notre comptoir un
Africain traînant avec difficulté une grande malle en bois.
Nous lui avons demandé quel était le contenu de cette étonnante caisse.
Il nous répondit dans une totale innocence que c’était son père qu’il allait
enterrer à Dakar, cela était pitoyable et risible.
Quand les vols d’Air France n’étaient pas complets, on pouvait même
atteindre « le paradis ».
Rio de Janeiro.
C’est en 1957, dix-sept ans après ma première traversée en bateau pour
le Brésil que je m’envolais vers ce pays.
Le voyage retour s’effectua abord d’un Super Constellation d’Air France ou
étant le seul passager en cabine première classe, je me suis gavé pour la
première fois de ma vie d’une boîte d’un excellent caviar, j’ai pu aussi
allonger mes longues jambes et passer une excellente nuit là-haut, dans les
cieux.