Page 74 - Des ailes pour le Brésil
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À moitié réveillé, il m’informa du crash d'un avion à Athènes avec nos
clients à bord, ceux dont j’avais assuré l’enregistrement, quelques heures
auparavant à l’aéroport d’Orly.
Je me suis toujours demandé, comment il s’était procuré le numéro de
téléphone de mon domicile. Aussitôt, par une nuit brumeuse et froide, je
trouvais un taxi qui me déposa au bureau, rue Royale.
Dans une grande hâte, j’avais pris seulement mon imperméable et mon
passeport pour un éventuel voyage.
Après avoir réveillé le concierge de l’immeuble pour ouvrir la porte du
bureau, je récupérais les documents des assurances, les copies des billets
d’avion et des visas.
Le service de permanence de la compagnie d’assurances que j’avais
prévenu avait décidé de déclencher un vol sanitaire de l’aéroport du
Bourget.
Le responsable me demanda s'il m’était possible de voyager à bord de
l’avion, muni des dossiers d’assurance et d’identité, si précieux dans ces
circonstances.
Ensuite, j’ai téléphoné à mon président qui se trouvait à Buenos Aires,
pour l’avertir de l’accident - qui me répondit « Faites au mieux ! ».
Je sautais dans un taxi pour rejoindre le Falcon jet qui m’attendait en bout
de piste, pour un décollage immédiat.
Le taxi avait été autorisé à me déposer à la passerelle de l’avion.
À l’aube, à la verticale d’Athènes, dans un premier temps, la tour de
contrôle refusa l’autorisation d’atterrissage.
Notre appareil, piloté un jet, je me souviens, par une femme, se posa
finalement, après avoir tourné pendant des minutes interminables, autour
de la carcasse encore fumante du DC 8 crashé.
Les passagers de l’avion, appartenant au « Tout-Paris », avaient prévu de
se rendre en Chine. Avec la liste des passagers, j’ai pu localiser tous les
survivants et les blessés.
Il m’a fallu de longues heures pour convaincre les victimes encore sous le
choc de se rassembler dans un hôtel.
Dans cette situation tragique, je tentais de faire de mon mieux pour les
soutenir moralement, matériellement, et même pour certains,
physiquement.