Page 77 - Des ailes pour le Brésil
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                  Je n’ai vu du défilé que les dernières minutes. À peine assis à ma table
               avec  mon  ami,  j'entendis  un  bruit  sourd  de  chute  derrière  moi.  Me

               retournant, je vis une Miss, étalée par terre, sans doute
               victime de ses hauts talons. En parfait gentleman, je
               volais à son secours et ensuite nous avons commencé

               à bavarder en anglais. Le syndrome du chevalier blanc
               dans toute sa splendeur, le Saint-Bernard, le sauveur,
               n’espérait-il pas recueillir l’admiration ou l’amour de

               cette créature de rêve ?
               Je  la  soutins  jusqu’à  son  hôtel  tout  proche,
               courtoisement en parfait homme galant.

               Un médecin de nuit fut appelé.
               Sharon, c’était le prénom de la belle qui se plaignait d’une entorse à la

               cheville.
               J’appris  plus  tard,  par  hasard  que  c’était  la  Miss  Univers  de  l'année  et
               qu’elle avait servi dans l’armée israélienne.

               Fier comme un coq, je m’exhibais avec elle dans les plus chics restaurants
               à la mode.
               J’évitais toutefois les boîtes de nuit où il était fréquent que des personnages

               mal  élevés  s’invitent  à  notre  table,  sans  aucun  scrupule,  en  prétextant
               subitement une longue amitié.
               Elle était trop imbue  d’elle-même, et sans futur pour  moi,  elle  voulait

               devenir actrice de cinéma.
               Elle partit quelques mois après notre rencontre, pour les États-Unis. Nous

               nous sommes revus une seule fois, longtemps après à Paris.
               Je la revue très amaigrie avec mauvaise mine.
               Aux creux de ses coudes, je découvrais avec stupeur d’inquiétantes traces

               de piqûres, couleurs rouges et violacées.
               Mon dégoût pour la drogue n’a jamais été aussi fort.


               CHAPITRE V.

               Les  ailes  orientales,  Bali,  Hong  Kong,  Chine,  Beijing,
               Singapour.


                  Mon premier contact avec l'Orient et l’orientalisme, date de décembre
               1969, lors d’un voyage à Bali qui n’était pas encore une destination courue.
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