Page 69 - Des ailes pour le Brésil
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Il était capable de s’exprimer dans au moins trois langues simultanément.
Avec un tel bagage linguistique, lors des accompagnements, il était d’un
grand secours pour nos passagers, ministres et autres importants
personnages importants, et contribuait également à la réputation de notre
agence.
Ses aventures rempliraient aisément un volume, mais il n’aime pas
beaucoup les anecdotes – cependant, je ne peux résister au plaisir d’en
raconter deux !
Imaginez que vous soyez au Mexique, avec une centaine de personnes,
clouées au sol par une grève surprise du transport aérien et que le directeur
de votre hôtel sans vous prévenir, vous annonce rudement que vos clients,
devront quitter leurs chambres avant midi, pour les céder à de nouveaux
arrivants.
Les mots :
-Après un long conciliabule, le ton monta très rapidement, Bernard
s’emporta manquant totalement de courtoisie, à un point tel que le jeune
directeur hurla.
- Voulez-vous que l'on sorte sur le trottoir pour régler le problème !
- Monsieur, répond Bernard, chez moi, on ne se bat pas dans la rue comme
des voyous, nous savons encore régler nos différends en personne bien
élevées.
- Ah oui ! Interviens un témoin de la scène, un petit rond, très élégant de
sa personne, dont les lunettes cerclées d’or glissent dangereusement sur la
pente de son nez.
- Alors, vous faites comment ?
Bernard avec panache énonce alors cette superbe réponse :
- Chez nous, l’outrage se règle, vous l’apprendrez, Monsieur, par le duel !
Notre impertinent directeur, donnant libre cours à sa colère, s’étouffant,
la voix grimpant d’une octave, dans les aiguës, demande alors.
- En duel, mais avec quoi !
À ce moment, un Italien qui suivait la scène depuis le début, avec un
certain plaisir, dans le bureau étroit donnant sur la cour intérieure de
l’hôtel, il ouvre un long paquet de journaux, qu’il tient sous le bras, et tout
en le déballant, répondit insidieusement en se glissant dans le pugilat
verbal.
- Au sabre bien sûr !