Page 66 - Des ailes pour le Brésil
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                  Le  lendemain,  matin,  le  directeur  de  l’hôtel  inquiet,  ne  nous  voyant
               toujours pas revenir, prévint la police touristique qui lança les recherches.

               Le comique, le comble de l’histoire fut que nous n’avons croisé aucun
               animal, c’est d’ailleurs mieux dans un sens.

               En  revanche,  nous  avons  entendu  les  bruissements  de  la  brousse,  les
               jappements  des  chacals,  les  sinistres  ricanements  des  hyènes,  qui  nous

               firent froid dans le dos.
                Dans  le  village  où  nous  étions  emprisonnés  dans  une  espèce  de  cage
               d’animaux,  nous  avons  seulement  distrait  des  enfants  moqueurs  et

               railleurs.
               À notre grand désarroi, aucun petit-déjeuner avec croissant ne nous fut

               servi.
               Le but de ce voyage était la préparation d’un déplacement d’une centaine
               de personnes qui devait s’effectuer six mois plus tard.

               Pendant notre périple, dans l’entrée d’un village perdu dans la réserve du
               parc national Tsavo, je tombais pile sur ce qui devait être un des premiers

               panneaux publicitaires de société ! Dans un tel endroit, quelle construction
               aurait pu supporter un ascenseur ?

               Quelle était l’histoire de ce panneau ? La société en question avait été créée
               au XIXe siècle.
               Alors que mon client palabrait, je filais discrètement acheter - à quelqu’un

               qui n’en était certainement pas le propriétaire - le fameux panneau rouillé,
               que je fis nettoyer et repeindre.

               Ce  trophée  fut  remis  plus  tard,  au  président  de  la  Société,  en  grande
               pompe, lors de la réception de gala organisée dans cet hôtel de Mombasa.

               L’effet fut réussi et le panneau s’envola pour le siège à Paris.
               Pour être tout à fait correct avec ma conscience, je dois avouer que j’ai fait
               deux autres séjours au mitard, à l’ombre des prisons de l’armée de l’air.

               Le premier fut lors de la fin d'une corvée sagace de ramassage de feuilles
               d'arbres, à la base aérienne d’Orléans Bricy.

               De mauvaise foi, notre génial adjudant avait secoué un arbre en face de
               nous, pour faire tomber de nouvelles feuilles, en nous affirmant que nous

               mentions et que la corvée n'était pas terminée.
               Les  invectives,  les  noms  d'oiseaux ne  tardèrent  pas  à  fuser  et  cela  se
               termina par un court séjour en tôle, « un pain au trou ».
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