Page 18 - Des ailes pour le Brésil
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                 Il avait coutume de me répéter en parlant de sa bicyclette que « le matériel
               d'avant-guerre était meilleur que celui de maintenant » !

               C’était sa façon  de montrer fièrement qu’il avait combattu et gagné  la
               guerre de 1914.
               J’appris beaucoup plus tard que mon premier beau-père avait été aussi son

               élève.
               L’Yonne est belle, mais si rude ! La Bourgogne m’a initié à la bonne chair

               et au bon vin.
               En  ce  temps  durant  les  grands  mariages  les  Bourguignons  festoyaient
               parfois plus d’une semaine entière.

               Pour les regarder danser au son de l’accordéon vêtus dans leur pantalon
               en velours attaché parfois avec une ficelle, je devais me cacher.

               L’étranger, nommé « le bezet, le ballot » n’est ici que rarement accepté.
               Cela accentuait en moi une certaine discrimination, je me considérais dans
               ce  village  comme  un mal-aimé  et  j’étais  regardé  comme  un  garçon

               singulier, embarrassant et rebelle, finalement tel un étranger envahissant.
               L’école municipale.

                 Après une longue période d’acclimatation aux bonnes manières locales,
               j’ai été envoyé à l’école du patelin, située à environ un kilomètre de la
               maison où je fis un court séjour.

               Les matins, je marchais, le cartable sur le dos dans mes bruyantes galoches
               cloutées, durcies par le froid et trempées par la neige.

               Je ressens encore, en y repensant le froid et j’entends le bruit des socques.
               Aussi, je revois les oies d’une ferme voisine, où seule la nature sauvage
               butait sur les murs de pierres sèches.

               Ces  horribles  volatiles  avaient  pris  l’habitude  de  m’attendre  pour  me
               pincer les mollets ! Les jars me couraient après en cacardant, c’était une

               nuisance sonore insupportable.
               D’autant que j’ai toujours aimé à la campagne le silence absolu des vieilles
               pierres de l’intérieur des églises et châteaux dans nos pittoresques villages

               de France, chargés d’histoire.
               À l’école, nous étions obligés de porter un horrible et

               sinistre tablier gris.
               Je me souviens qu’un jour, j’ai gardé un coin de la classe et
               j’ai eu l’honneur de m’afficher debout avec un bonnet

               d’âne !
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