Page 17 - Des ailes pour le Brésil
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Mais cet apprentissage des idiomes s’était fait sommairement,
confusément et une fois en France, je me suis toujours senti un peu à part,
autre, tant à l’école que dans la vie de tous les jours.
Pendant, longtemps, j’ai eu également à souffrir de la particule de mon
nom et des sobriquets qui l’accompagnaient : « Burro » baudet en
espagnol et ensuite à l’armée, « sur burette homme de base ». Des années
plus tard, l’expérience de la vie m’a appris qu’il ne faut jamais renier son
nom. « La naissance n'est rien où la vertu n'est pas ».
À notre arrivée en France, nous ne vivions pas dans l'opulence, les tickets
et cartes de rationnement, carte de pain étaient toujours d’actualité et ne
disparurent qu’en 1949.
Mon précepteur « La Chapelle-Vieille-Forêt » Yonne.
C’est à un persévérant et patient précepteur de l’Yonne chez lequel j'avais
été envoyé qu’est revenue la délicate tâche de m’apprendre dans les règles,
le français et le latin.
Je découvrais une nouvelle résidence et vivais un nouvel éloignement de
ma famille.
Mon éducateur commença à façonner mon caractère, non sans peine.
Ce retraité s’appelait monsieur Chevalier, il avait été professeur de l’école
au village de Flogny.
Nous habitions avec sa femme, dans une modeste petite maison avec un
portail métallique noir au centre du village au bord d’une petite ruelle en
bitume.
Lieu où il n’y a rien, si ce n’est qu’une veille l’église, une mairie avec son
drapeau tricolore, une école primaire aux murs gris, quelques maisons et
des fermes qui quand je passais devant, je sentais l’odeur du purin.
Paris n’était pas loin à deux cents kilomètres !
Ce cher professeur voulu m’apprendre à pêcher, à tenir une canne a pêche
pendant des heures, a cette époque la patience n’était pas ma principale
vertu.
Nous allions appâter le goujon « tâter le goujon » sur les bords de
l’Armançon ou une fabrique de fromages de Mr Renard (nom inoubliable),
inondés l’air de ses effluves pestilentiels.
Mon obstiné et sévère maître m’apprit les rudiments indispensables de la
vie à la campagne, comme couper du bois à la hache, scier, m’occuper des
lapins, ranger ma chambre, faire mon lit et bien d’autres choses encore.