Page 12 - Des ailes pour le Brésil
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J’essayais d’imiter les natifs en me contorsionnant comme un asticot,
mais le résultat du spectacle n'avait rien de comparable avec les
déhanchements sensuels et chaloupés de nos voisins.
J’en ai tout de même gardé le goût de la danse.
Ma sœur Guillemette, moi, et mon frère Gérard en 1942, pendant le carnaval 1941.
D’autres souvenirs restent gravés de l’époque du carnaval, ce sont les
spectacles des danseurs, leur rythme de la samba qui investissent les nuits
et jours les ruelles ainsi que les claquements exaspérants, et persistants des
pétards.
De très nombreuses années plus tard, je
suis retourné dans ce quartier dans l’espoir
de retrouver un peu de mon enfance et les
vestiges de la maison.
Le pittoresque petit tramway coloré la bonde
elétrico, me déposa dans ce lieu de souvenirs
en se faufilant à travers les collines où
s’étalent les tristes et dangereuses favelas.
Les odeurs moites indéfinissables des petites ruelles et des escaliers sont
les seules traces que j’aie retrouvées.
C’est dans ce lieu que fut tourné beaucoup plus tard, en 1964, le film
L’Homme de Rio avec Jean-Paul Belmondo.
Aussi, c’est dans cette demeure que j’ai tenté d’imiter Tarzan, suspendu à
un rideau de ma chambre, certainement une grande liane dans mon
imaginaire. Ce jeu se termina par un grave accident, mon bras droit
traversa la vitre d’une fenêtre.
La nounou affolée les bras en l’air appela les secours, tout devient confus
brouhaha autour de moi, mes parents étaient absents. Mon sang n’a jamais
autant coulé.