Page 67 - Des ailes pour le Brésil
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Je vécu mon second séjour carcéral au Sénégal, à la base aérienne de
Thiès. Lors d’un contrôle de nuit, j’avais réveillé, un peu brusquement, un
soldat africain de garde, qui avait la fâcheuse coutume de s’assoupir au-
dessous d’une aile d’avion. Tout effrayé en se levant, il avait transpercé le
réservoir du Nord Atlas avec sa baïonnette !
Heureusement, il ne restait que peu de combustible. La punition fut « deux
pains au trou ».
Motif : j'étais responsable de la perforation dans l’empannage de l’avion
pour avoir surpris volontairement et avec irrévérence un soldat endormi
lors de sa garde de nuit !
La corvée est aussi une forme de punition militaire avec laquelle j’ai fait
plusieurs fois connaissance.
Un bon ami, Bernard, dont les péripéties furent de voyages, comme vous
le lirez plus loin, souvent liées aux miennes, m’a raconté qu’un jour, à
Turin, lors d’une escapade amoureuse, voulant impressionner son amie, il
descendit dans ce qui était alors le plus bel hôtel de la ville.
Ils avaient dû présenter leur passeport à la réception de l’hôtel, ce n’était
pas encore l’époque de l’Union européenne.
Comme il allait prendre l’ascenseur, le concierge l’interpella : « Vous êtes
bien un ami du directeur de Daro voyages ? »
Interloqué, il répondit que oui.
En effet, après de nombreuses années, j’avais pris du galon et j’avais été
nommé directeur de l’agence du siège rue Royale.
Je n’ai jamais prêté beaucoup attention à la valeur des cartes de visite ni
aux titres ronflants que certaine aime se gratifier.
Ma réputation au sein du groupe était celle d’un travailleur acharné
rigoureux, mais pas toujours facile.
Pour revenir à l’hôtel de Turin, le concierge, apprenant que Bernard était
mon ami, aussitôt changea sa clef et accompagna les amoureux dans « La
suite » où il apprit plus tard que c’était celle que réservait Mussolini !
Décorée dans un impressionnant style Art Déco fasciste, cette chambre
que j’avais visitée, possédait un grand balcon historique propice aux
discours devant les rassemblements des foules.
Mon ami avait ainsi bénéficié des faveurs de l’hôtel dans lequel j’avais
organisé quelque temps auparavant une importante opération.
Sans qu’il le sache avec surprise, je lui avais préparé son séjour sur un tapis
rouge avec confort et opulence.