Page 48 - Des ailes pour le Brésil
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Cela commence, peu après mon service militaire, ou je rencontrais
Françoise qui devint après l’avoir fréquentée plusieurs années ma première
femme.
Les déconvenues maritales de mes parents m’avaient rendu prudent quant
à l’engagement qu’entraîne le mariage.
Françoise est née à Saïgon et a été élevée en Indochine, joyau de l'Empire
colonial français, où elle vivait dans un milieu familial annamite fortuné.
Ensuite, sa famille s’établit à Dakar où elle grandit dans l’opulence de la
vie facile des colons.
C'est un personnage que la féministe Marguerite Duras aurait bien aimé
décrire. D’ailleurs, elle aurait eu comme professeur au lycée, Marie Curie
de Saïgon, la mère de Marguerite Duras, madame Marie Donnadieu. Avec
Françoise, j’ai eu cette fille adorable du nom de Véronique.
Véronique a plus de cinquante ans au moment où j’écris.
Elle vit sous le ciel agréable d’Olbia en Sardaigne.
Mon premier divorce, mes tourments : pendant que Françoise
accouchait de Véronique, en février 1965 à la clinique Mirabeau de Paris,
je me trouvais avec mon beau-frère au cinéma, situation certes
imprévisible, mais non - coupable !
À la sortie du film, inquiet, je téléphonais à la clinique pour prendre des
nouvelles.
Suzanne, ma tyrannique belle-mère, me répondit : « Véronique est née ! »
Elle avait, sans mon agrément, choisi délibérément le prénom de ma fille,
ce que j’ai trouvé inconvenant et contraire aux bonnes manières.