Page 84 - Des ailes pour le Brésil
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                 Après l’atterrissage, l'équipage de l’avion nous demanda de débarquer, et
               quelques  minutes  après  de  rembarquer  très  rapidement.  Nous  avons

               décollé, au son tout proche des tirs d’armes.
               Une  demi-heure  après,  nous  atterrissions  à  Brazzaville,  submergée  par
               l'afflux des réfugiés, colons et diplomates belges qui avaient traversé le

               fleuve Congo, dans une fuite éperdue devant les massacres et les combats
               sanglants.

               À mon arrivée dans cette pagaille, mon premier souci fut de trouver un
               vol pour rejoindre Dakar via Douala par la côtière d’Afrique.
               Mauvaise surprise, il n’y avait pas de vol avant le lendemain soir et pas une

               chambre d’hôtel libre dans la région.
               Ce ne serait pas la première nuit que je passerais coucher sur le sol, mais il
               s’avère que quand même, je préfère le confort d’un bon matelas !

               Une  hôtesse  d’UTA,  qu’on  dirait  aujourd’hui  qu’elle  était  « cool »,  me
               raconta les incidents de notre vol.

               Notre avion avait eu une fuite d'huile hydraulique et le pilote avait jugé
               préférable d’atterrir à Kinshasa pour réparer.
               Peu de temps après s’être posé, de bruyants combats avaient commencé a

               éclaté autour de l’aéroport.
               Le commandant de bord avait été prise la décision de décoller en urgence
               le plus vite possible.

               Attachez vos ceintures !
               Dans la précipitation, le mécanicien avait colmaté avec du chewing-gum la

               fuite d’huile !
               Notre DC 8 arborait un impact de balle ou d’un éclat de mortier…
               Dans l’aéroport du nom de Maya-Maya régnait la gabegie, un employé agité

               m’informa  qu'il  y  avait  peut-être  des  cabanons  disponibles  à  quelques
               kilomètres  de  l’aérodrome,  réservés  essentiellement  aux personnels

               navigants des diverses compagnies aériennes.
               Alors que je m'apprêtais à héler un taxi pour m'y rendre, j’aperçus une
               femme que j'avais remarquée à bord de notre avion.

               Elle était assise, visiblement désorienter, en pleurs sur le bord du trottoir,
               des Africains qui probablement tentaient de l’exploiter l’entourés.

               Au rose intense de sa robe, j’optais pour une Anglaise ou une Américaine.
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