Page 4 - Des ailes pour le Brésil
P. 4
3
Alors le globe-trotter se métamorphosa en bandeirantes, comme on appelle
au Brésil ces pionniers défricheurs de forêts tropicales.
Avec le soutien indéfectible de sa vaillante et fringante compagne, son
travail acharné porta ses fruits.
Quels fruits ! Du fin fond de la brousse, on voit s’ériger une maison,
coquette, un parc resplendissant de palmiers aux couleurs et aux formes
variées, inconnues au Brésil, et un verger aux multiples espèces plantées
dans une terre ingrate. Avec sa nouvelle famille il adopte un Nigérian
clandestin mineur, pendant plus de six mois.
Car Patrick est un développeur invétéré : il aime « faire naître ».
Il a fait cela toute sa vie.
Il se transforma sans aucune expérience – à la force du poignet, c'est le cas
de le dire - en chercheur agronome, travaillant la botanique avec
opiniâtreté dans une terre pleine de mystères.
Au fil de ces pages, au détour d’une anecdote ou d’une remarque
personnelle, on aperçoit d’autres traits de caractère.
Que ce soient ces indices de puritanisme (héritage culturel de sa mère ?)
adoucis par la découverte plus tardive du bouddhisme, ou encore un
patriotisme français qui transparaît souvent dans ses récits de voyage, puis
dans sa solidarité et sa recherche d’union avec les expatriés du Brésil, dont
il se méfia longtemps.
Nul doute pour moi que l’amour de sa patrie ne le lâcha jamais même si
elle semble diminuer actuellement.
Enfin, « croquer » le portrait de Patrick sans parler de son profil de
« leader » serait un oubli impardonnable.
Combien de fois ne m’a-t-il pas poussé à agir, à ne pas me contenter de
caresser mes rêves, mais de les prendre à bras-le-corps, avec cette
bienveillante rudesse de la mère éléphante poussant son éléphanteau qui
renâcle à entrer dans l’eau pour la première fois.
Aujourd’hui, il tente d’affronter un monstre qui ne s’affronte pas : la
vieillesse.
Le corps se fatigue et multiplie les tracasseries, petites ou grandes.
Mais l’esprit, lui, reste alerte.
Je le remercie de m’avoir invité à m’exprimer ici par écrit dans cette
préface.
S’il ne m'avait pas imposé une limite dans le temps, j’aurais continué à
réécrire cette préface avec un plaisir sans fin/infini.
Marc Baron. Fortaleza, Brésil.